Action et sauvegarde de Fontainebleau (ASF)
Précédemment Comité de défense de Fontainebleau
Histoire de la Maison des Compagnons de Fontainebleau
par Francis Ménard
Première partie La Maison des Compagnons à travers l’histoire

Façade rue de la Cloche
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La rue des Pins vers 1900, au fond à droite la Maison des Compagnons
Une maison de Compagnonnage
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Au centre de la ville, Rue de la Cloche, dans l’axe de la rue des Pins se dresse la façade étroite d’une maison,
la plus ancienne du quartier, elle est appelée la Maison des Compagnons.
Son architecture classique comporte deux hautes croisées aux étages nobles et, au rez-de-chaussée, une vitrine ouverte tardivement
pour valoriser un commerce « moderne » des années 1900.
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Cette façade qui fait à peine 4 mètres ne laisse pas deviner l’importance que prend l’immeuble sur le jardin.
La maison se situait à l’extrémité de la rue, dernier secteur construit selon le plan de Nicolas d’Orbay (1676) comme celui de de Fer (1690 /1700)
(en rouge sur le plan)
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Pourquoi l’appellation "Maison des Compagnons" ?
Il suffit de lever la tête et de regarder les deux garde-corps du premier étage. Au centre de ces beaux ouvrages
de ferronnerie se trouve
la représentation d’un compas et d’une équerre réalisée lors de l’agrandissement de l’immeuble, qui se situe au milieu du 18ème siècle.
Est-ce le symbole des Compagnons ou plutôt celui des Francs-Maçons ?
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Francs-Maçons ?
Son sigle représente l’équerre et le compas avec généralement au centre une lettre ou un objet symbolique que l’on ne retrouve pas ici.
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Charpentiers
Les Maison de Compagnons étaient des demeures assez vastes, auberges pour recevoir les compagnons qui faisaient leur Tour de France
ce qui n’était pas le cas de ce bâtiment.
Alors pourquoi avoir utilisé ces symboles ? L’allure bourgeoise des étages nobles fait penser au logis de Maître-Compagnons installés
là pendant la période des grands travaux au Château sous le règne de Louis XV à partir de 1740.
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C’est ce que confirment
les actes de ventes de 1716 et 1793 qui précisent que la maison fut, toute cette période, la propriété des Saisy, dynastie de menuisiers,
sans doute cossue, qui firent bâtir l’immeuble tel qu’il est aujourd’hui qui eurent à coeur de valoriser leur statut avec des garde-corps
aux symboles de la corporation ? |
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Lors de la restauration, différents outils principalement de menuisiers ont été retrouvés.
La qualité et l’importance des menuiseries de la maison confirment cette hypothèse. En effet, les boiseries du premier étage
sont d’une qualité peu commune dans une maison modeste.
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Chignole à main
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Ciseaux
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Acquérir une maison typique
Une belle opportunité
En1973 une petite maison de ville des XVIIème et XVIIIème siècles est en vente, sa situation est stratégique car placée dans l’axe de la rue des Pins,
elle se situerait dans l’axe de l’entrée principale du quartier dont il était envisagé une « restructuration ».
Cette maison, la plus ancienne du quartier, est alors dans un état bien médiocre, mais, juste compensation, aucuns travaux de restauration
ne l’a modifiée ou dénaturée. Sans crainte de s’engager dans une restauration sans fin Georges Galipon, fondateur du Comité de Défense,
y voit une occasion de répondre aux objectifs de celui-ci. Georges Galipon et ses amis arrivent à persuader plus de cinquante personnes
de participer à ce projet avec une mise de fonds minimum. La société Civile « La Maison des Compagnons » naît donc le 1er octobre 1973,
le jour où l’achat de la maison sera conclu.
En 2003 pour assurer la pérennité de la Maison des Compagnons et simplifier la gestion qui devenait inextricable avec environ 80 porteurs de parts,
il a été décidé de créer l’Association des Amis de la Maison des Compagnons (AMdC) à laquelle la plupart des porteurs ont fait don de leurs parts.
Les recherches des origines de la propriété ont été effectuées par Pierre Knafo aux archives départementales où il a pu remonter jusqu’en 1686.
Le détail des configurations de l’immeuble et des personnes est à retrouver dans la brochure.
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L’évolution de la maison des Compagnons
Au début du XVIIème siècle
Pas de description, c’est le pignon subsistant au 1er étage et la structure de la petite cave qui peuvent
nous donner une idée de cette petite maison du début du XVIIème siècle comportant une seule pièce et un grenier.
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Fin du XVIIème siècle
En 1702 l’acte de vente de la petite maison précise : « consistant en une chambre basse, une chambre haute et grenier ».
La maison a été rehaussée, sa surface au sol n’a pas variée, c’est toujours environ 20m2 (4 m de largeur sur 5 m de profondeur).
Une maison bourgeoise du XVIIIème siècle
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De 1716 à 1793 la maison va être détenue par Daniel SAISY et son fils Jean Laurent tous menuisiers
La petite maison est devenue ce que nous connaissons aujourd’hui : « consistant en une cave, une chambre sur la rue, une autre sur la cour au rez de chaussée,…
au premier étage et second étage trois chambres à cheminée, un grenier au comble, escalier ».
Daniel Saisy a donc fait entièrement rebâtir l’immeuble. D’après la structure, le style, les décorations c’est probablement entre 1720 et 1750,
la période de prospérité de Fontainebleau grâce aux grands chantiers de Louis XV au Château qui apportent aussi la richesse aux artisans.
Daniel Saisy était, à n’en pas douter, un maître-menuisier, sans doute à la tête d’une petite entreprise prospère, lui permettant de construire
et décorer avec goût sa demeure et de mettre à l’honneur les insignes de sa corporation sur les garde-corps de l’étage noble de sa maison.
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Façade sur rue
Vue latérale, à droite l’atelier sur le jardin
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Les décors « bourgeois » d’origine
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Les papiers peints
De la fin du 18ème siècle ou du tout début du 19ème il en restait des fragments sous les boiseries du 1er et du 2ème étage.
Les décors de scènes champêtres, proches des toiles dites de Jouy de l’époque, montrent la sensibilité de l’époque à la nature.
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Trumeau et plaques de cheminées
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Trumeau : le paysage
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Plaque « Royale », a-t-elle été récupérée ailleurs ?
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Deuxième partie Les travaux de restauration de la maison 1974 -- 2019
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La Maison des Compagnons à la " UNE " (novembre 1975)
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Novembre 1975, voilà 2 ans que la Maison a été acquise et les travaux ont commencé grace à l’énergie
de Georges Galipon qui a su obtenir la collaboration de nombreux compagnons et bénévoles. Le journal local, la République de
Seine et Marne consacre un article reproduit dans la brochure sur les travaux de restauration et met en avant la vocation
des Compagnons qu’il laisse longuement s’exprimer.
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Historique de 40 ans de travaux
Cette partie du document décrits les travaux réalisés. Sa restauration est une aventure qui s’est étendue sur les cinquante dernières années
sous la direction précise de Georges Galipon qui vaudront la médaille de l’Année du Patrimoine 1980.
Sur cette période les documents sont les comptes-rendus des Assemblées Générales et une photothèque riche d’un millier de photos. Nous en
reprenons dans cette présentation quelques phases particulières.
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L’Escalier :
La deuxième volée de l'escalier du corps principal a été entièrement démontée. Restauration "lourde".
Les nez de bois des marches qui avaient été sciés ont été reconstitués. Les marches (qui avaient été recouvertes de sapin) ont été refaites
et carrelées de tomettes anciennes, au prix d'un gros travail de coupe et d'ajustage complétées par des nez de marche en chène.
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Les volées de l’escalier restaurées :
à gauche premier niveau, au centre le
dernier palier à droite le deuxième niveau.
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Réalisation de l’escalier à balustres chantournés de l’atelier
La réalisation d‘un escalier s’imposait dans l’atelier dont la pièce à l’étage est éclairée par deux lucarnes.
Pour être conforme à l’époque de construction de ce bâtiment elle sera de style Louis XV sur les dessins de Lucien Leprovost.
S'agissant d'un escalier tournant, chaque balustre a une pente particulière qui correspond ã une hélice, il faut environ dix heures travail.
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Façonnage de balustre
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Pose d’un balustre sur le limon
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Tout est fixé
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L’escalier terminé
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Réfection de la façade de l’aile sur cour
Le colombage au rez-de-chaussée du mur de l'aile en retour d'équerre a dû être démonté car il n’était pas récupérable.
Il a fallu reprendre les fondations et étayer la portée pour supporter la poutre transverse comme on le voit sur les photos ci-dessous.
Ces travaux ont été complétés par la reprise de l'angle droit avec montage d'une chaîne dans l'axe du pignon à l’aide de boutisses de récupération
.Les portes XVIIème et XVIIIème siècles et les sols
Des portes anciennes don de Georges Galipon et du Cercle François 1er pour le comble du troisième.
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Les portes XVIIème et XVIIIème siècles et les sols
Des portes anciennes don de Georges Galipon et du Cercle François 1er pour le comble du troisième.
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Une porte du dernier étage
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une porte du dernier étage
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Porte en chêne Louis XV
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Le sol du palier du second tomettes hexagonales tiers de pied XVIIème
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Au rez-de-chaussée tomettes hexagonale grand moule et rectangulaire à l’arrière
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Restitution des boiseries du 1er étage
C’est seulement en 2016 et 2017 que l’important projet de restitution des boiseries du 1er étage a pu être mené à bien grâce aux croquis
relevés par Georges Galipon.
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Schéma des boiseries du mur gauche encadrant la cheminée
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Vue panneau droit
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Troisième partie
Ceux qui ont fait cette maison
Georges Galipon, fondateur du Comité de Défense et de la Maison des Compagnons
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Son décès étant survenu dans le courant de l’été 2017, peu avant les Journées du Patrimoine,
et l’exposition des fenêtres anciennes de Fontainebleau qui était son oeuvre.
Jacqueline Nizart, alors Présidente du Comité de Défense de Fontainebleau rappelait son parcours de fondateur du Comité,
à l’origine de la Maison des Compagnons et ayant donné plus de quarante années d’énergie te de temps passé à sa restauration
qu’il dirigeait et surtout réalisait lui-même, ne le voit-on pas déjà en retraite depuis longtemps sur la charpente de l’appentis.
Les associés ayant fait don de leurs parts
Mi-2003 il a été décidé de créer l’Association des Amis de la Maison des Compagnons pour réunir un maximum de parts grâce aux dons de
La plupart des participants d’origine qui ont répondu favorablement assurant ainsi la pérennité de la Maison des Compagnons.
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Compagnons et bâtisseurs
Les Robin, une dynastie de maître-charpentiers
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La dynastie de charpentiers Robin établis à Avon a apporté un soutien très actif, entre autres, la restauration
de la charpente de l'Atelier et l'escalier balancé à balustres chantournés qui donne accès au niveau sous comble.
C'est pourquoi il était naturel
de baptiser cet espace “SALLE JEAN ROBIN". Ses vastes connaissances lui permettront de réaliser son “Chef d`OEuvre” ‘piédestal à tous dévers’
qui lui vaut en 1932 le titre de “Meilleur Ouvrier de France" qui est présenté dans nos locaux.
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M. Sudron
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M. Tronquois
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M. Barbot
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Mme Jestaz |
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Mme Nizart |